À la fin du Journal du Maître Brasseur #557, j’écrivais cette phrase :
« En lisant les commentaires sélectionnés par l’IA, je me suis dit que l’intelligence artificielle ne guide pas toujours l’humanité dans la bonne direction. Elle peut aussi semer la confusion, et même amplifier la bêtise humaine. Cela m’a un peu inquiété pour l’avenir. »
Avec du recul, je regrette d’avoir formulé les choses ainsi.
Ces mots étaient fermés, peu nuancés, et surtout, ils manquaient d’intérêt.
Ce n’est pas que j’ai changé d’avis sur l’IA en soi, mais j’ai réalisé que mes propos donnaient l’impression de rejeter les opinions divergentes. Pourtant, si l’on commence à exclure ce qui est différent, alors Dassai lui-même, tel qu’il était il y a 25 ans, n’aurait jamais eu sa chance.
À cette époque, après le départ de notre toji (maître brasseur), nous avons tenté une aventure impensable : produire du saké sans l’appui d’un toji, à contre-courant des normes de la profession. Nous étions vus comme un ovni dans le milieu. Et pourtant, Dassai a non seulement survécu, mais a grandi, pas à pas, jusqu’à ce qu’il devienne ce qu’il est aujourd’hui.
Ironie du sort, cette méthode de production sans toji est désormais couramment acceptée dans le secteur. Et c’est très bien que certains restent fidèles au système traditionnel du toji. Certains nous critiquent même avec passion. Je comprends cela. Il n’est pas nécessaire de leur répondre, mais les accueillir avec le sourire me semble une meilleure attitude.
Et surtout, je tiens à exprimer ma profonde gratitude envers nos clients. Ceux qui ont cru en nous, alors que nous étions encore un pari incertain. C’est grâce à vous que ce rêve, celui d’inscrire Dassai dans l’univers du luxe mondial — aux côtés du champagne et du vin — est devenu notre mission.